Ce long week-end de la Pentecôte s’annonçait bien, car la météo prévoyait 3 jours de beau temps et surtout 3 nuits bien dégagées !
Les conditions étaient quasi parfaites : pas de Lune (uniquement un fin croissant, se couchant au crépuscule), pas d’humidité mais de gros coups de vent par moment.
En cette fin de mois de mai, les nuits sont assez courtes : la nuit noire dure de 23h à 4h ce qui passe rapidement.
Nuit de vendredi à samedi :
Une partie de la nuit est consacrée au réglage du matériel. Au début de l’année, j’ai changé de caméra CCD et cela nécessite des ajustements afin d’en tirer le maximum.
Cette première nuit, j’ai installé un Crayford (c’est un porte oculaire permettant une mise au point très précise) muni d’un moteur pas à pas (merci Olivier!) permettant une mise au point au micron près (le moteur est associé à un moto-réducteur 125:1 ce qui veut dire qu’un pas fait tourner l’axe de 0,06°) !
Crayford et moteur pas à pas fait maison
A minuit et une fois les réglages terminés, je pointe le télescope vers la galaxie M94 dans la constellation des Chiens de Chasse et je lance une série de pose de 180s dont voici le résultat après traitement :
A 1h30 du matin, pointage du télescope vers une cible plus proche : la comète Linear C/2011 F1 de magnitude 12. En une pose, il n’y a que le noyau de la comète qui est visible, ce qui l’a fait apparaître comme une étoile, il faut alors contrôler que le champ est bien le bon afin de ne pas prendre des images dans « le vide ». Un rapide aperçu sur mon logiciel de cartographie stellaire me confirme bien que la comète est bien au centre du champ. Je lance une première série de 10 poses de 180s pour voir. Au terme de cette première série, je fais défiler les 10 images et je constate bien que « quelque chose » bouge sur les images. Je lance la suite des poses (20 x 180s) et rentre au chaud, il fait quand même à peine plus de 10°C avec du vent…
Comète Linear C/2011 F1, 1h30m de pose (le suivi est fait sur la comète)
Fin des poses à 3h, il faut encore faire des images de calibration (PLU ou flat) et ranger tout le matériel, fin de la session à 4h30.
Nuit de samedi à dimanche :
Les rafales de vent sont toujours là, la température est un peu plus fraîche que la nuit précédente mais le ciel est bien dégagé, ce qui est le plus important !
Cette nuit, se sera une mesure d’un transit d’exoplanète ! Mais le début est à 23h56 et il faut commencer au moins une demi-heure avant, car il y a des incertitudes potentielles sur l’heure de début.
Le matériel est installé en fin d’après-midi afin que le télescope soit en température. Une fois la nuit tombée, j’effectue les réglages mais comme rien n’est simple en astrophotographie, les petits problèmes s’accumulent et l’heure tourne… Il faut faire la mise à point, trouver le champ, confirmer le champ, trouver le bon temps de pose etc… C’est pourquoi je commence la première pose à 23h42 soit seulement 15 minutes avant le début du transit alors que j’avais prévu de commencer 30 minutes avant !
Le transit dure 150 minutes (2h30) et je rajoute 30 minutes de plus afin d’être certain de bien voir la fin du transit. Donc, il faut faire des images pendant une durée de 3h30.
Je lance donc la série de pose (au total 172 poses de 60s).
Fin de la session à 3h30.
L’exoplanète est TrES-1 b, elle se trouve dans la constellation de la Lyre.
Après traitement et réduction photométrique, voici la courbe de lumière du transit :
Pour une vue détaillée de cette mesure, voici le lien vers la base de donnée TRESCA, à laquelle ont été intégrées mes mesures.
C’est toujours un moment de suspens quand la courbe apparaît car on a toujours un doute… La variation lors du transit est de 0.0232 (+/- 0.0016) magnitude !
Nuit de dimanche à lundi :
Pour cette nuit, il me faut un objet lumineux car je veux valider toute la chaîne de prise de vue de mon matériel.
M51, la célèbre galaxie dans Chien de Chasse me paraît la cible idéale, d’autant qu’elle est au zénith en milieu de nuit.
Je suis maintenant rodé : montage du matériel en fin d’après-midi, collimation, mise au point, mise en température… Tout se passe bien.
A 23h20 je lance les poses : cette nuit il n’y a plus de vent du tout, le temps de pose unitaire sera donc de 300s (5 minutes). 39 poses seront réalisées jusqu’à 3h15 du matin, une seule pose sera mauvaise et ne sera donc pas retenue pour le traitement de l’image finale.
Fin de nuit à 4h30.
Les rafales de vent des deux premières nuits m’ont permis de tester l’efficacité de l’AO-7.
L’AO-7 est un module qui est dans le chemin optique entre le télescope et la CCD. Un deuxième capteur dans la CCD vise une étoile guide et contrôle la position d’un miroir plusieurs fois par seconde afin de corriger les défauts de suivi du télescope et aussi, dans une moindre mesure la turbulence atmosphérique.
Les bourrasques de vent faisaient énormément vibrer le télescope mais aucun bougé n’apparaît sur les images, ce qui rend ce système très efficace ! Sans ce module les deux premières nuits auraient été perdues !
Faire des images du ciel est plaisant mais je trouve toujours très intéressant et très motivant de faire de la science en tant qu’astronome amateur et ainsi participer à l’avancement de la connaissance dans ce domaine très vaste.